L’Humanité nue

En 1999, Di Matteo radicalise le parti pris de déléguer à une autre main l’exécution matérielle de l’œuvre. La Nuda Umanità (L’Humanité nue), grand cycle narratif destiné à dépasser les 200 toiles, est entièrement confié au peintre copiste Salvatore Russo. L’enquête iconographique de l’artiste s’arrête sur les illustrations d’un manuel scolaire d’histoire des années 1950, où les événements sont associés à des images connotées et célèbres, avec une retranscription chromatique qui se veut divulgatrice et populaire. Il envisage de descendre au même niveau que le langage conventionnel des scènes historiques, avec deux conditions fermes. La première concerne une modalité représentative : les hommes seront tous figurés nus, suggérant l’idée d’une foule compacte et indistincte. Le programme de La Nuda umanità démarre avec l’homme de Néanderthal, touche les grandes civilisations et les faits incontournables, sans oublier le sport, le spectacle et le gossip des familles royales, et ne s’achève qu’avec l’actualité la plus récente. La deuxième condition est la délégation de l’acte pictural à Salvatore Russo. De cette manière, se produit une mise à distance de Di Matteo, « peintre contemporain », qui prend le risque de se faire remplacer par un « peintre artisan » spécialisé dans la copie commerciale.

Extrait de la notice d’œuvre écrite par Claudio Galleri