L’exposition Frac à quatre (répliques) est inaugurée en partenariat avec drawing room 2016 – salon du dessin contemporain à Montpellier. Elle se terminera le dimanche 6 novembre dans le cadre de l’événement national Week-end FRAC. Des rencontres avec les artistes et des performances seront proposées durant ces deux week-ends, au Frac ou à La Panacée.
Inscrit dans le projet Post_Production*, organisé en partenariat avec les 4 écoles supérieures d’art de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, dans le cadre du soutien à la professionnalisation et à la création d’activité du ministère de la Culture et de la Communication, le Frac Languedoc-Roussillon présente une exposition réalisée par 4 artistes qui en sont issus. Frac à quatre (répliques) confronte quatre propositions ambitieuses de Cindy Coutant (texte, performance), Emma Cozzani (installation sonore), Jimmy Richer (peinture murale), Emmanuel Simon (peintures en collaboration avec 4 autres peintres eux-mêmes formés dans les écoles des beaux-arts de Montpellier, Nîmes, Tarbes et Toulouse).
Ces pièces ont été engagées à l’occasion d’une résidence partagée dans le centre d’art Lieu-Commun, Artist Run Space, à Toulouse, où les artistes ont résidé en mars et avril 2016, grâce au dispositif Post_Production. La diversité de leurs préoccupations, la singularité de leurs langages plastiques ou littéraires, engagent des processus artistiques dont l’exposition rendra compte dans une confrontation dynamique. À l’instar d’une génération qui se préoccupe moins des objets que des rencontres et de leurs diffractions indéfinies, l’exposition constituera autant de « situations » impliquant des points de vue multiples, des échos, des prises de position où d’autres que les auteurs pourront se mêler. Car c’est l’enjeu de l’« auctorialité » qui fait un retour important parmi les préoccupations des artistes d’aujourd’hui. Mais, là où les générations de la seconde moitié du 20e siècle poursuivaient un questionnement sur la subjectivité (la sensation, le corps, l’expression…) et sa légitimité dans l’art, il semble que l’enjeu pour les artistes actuels porte sur la raison commune de l’art dans une société en phase terminale d’implosion individualiste. Et où l’interrogation sur les « valeurs collectives » ne peut plus être un tabou, même si elle passe par l’exploration toujours valide des formes, des signes et des techniques.
C’est notamment le cas avec le travail d’Emmanuel Simon, qui installe un espace pictural ouvert, mettant en abîme l’espace d’exposition où il est invité (celui du Frac) et permettant à d’autres peintres de s’y « accrocher » à leur tour. Sur un mode plus fictionnel, Cindy Coutant élabore un espace textuel performé par elle, où plusieurs voix, jouant comme dans une « surface de réparation », se répondent, se contredisent, s’invectivent ou se taclent… Emma Cozzani fractionne aussi l’espace, créant des « cellules sonores » à expérimenter pour tenter de percevoir d’autres sons, d’autres voix. Enfin, les peintures de Jimmy Richer ravivent des figures qui semblent imaginaires, mais qui proviennent de l’Histoire de l’art : il les projette avec les couleurs artificielles du présent à même les murs, dans des dimensions qui imposent au spectateur d’entrer dans une danse vive et macabre à la fois, dans une scène où les fantômes d’hier et d’aujourd’hui se confondent. À travers ces 4 situations, et plus, c’est celle d’un monde dans lequel chacun flotte comme un bouchon sur la vague, en inquiétude de ses manières de « faire communauté », qui sera mis en exergue. Coutant, Cozzani, Richer et Simon viseraient-ils, par l’art, une inconstructible société ? Mais avec qui ? Car, à combien d’êtres peut-on dire qu’une société commence ?
Emmanuel Latreille
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