Après un premier projet initié par les étudiant·es de la Faculté de médecine pour la réalisation d’une œuvre in situ signée Nicolas Daubanes en 2021 dans le cadre des 800 ans de la Faculté, le Frac renouvelle son partenariat avec les étudiant’es et la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes (Université de Montpellier) qui invitent l’artiste Sylvain Fraysse pour une installation sonore et visuelle dans l’ancienne salle de dissection du bâtiment historique.
Un projet imaginé par l’association étudiante Montpellier Artistic Project et le Frac dans le cadre de Montpellier Capitale européenne de la Culture 2028.
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En raison du classement de l’ancienne salle de dissection à l’inventaire des Monuments historiques, la jauge est limitée. Accès à l’exposition sur inscription via le lien suivant : https://urlz.fr/l1HZ
La proposition puise sa source dans l’iconique « sur-scène » inaugurale du film de Jean-Luc Godard, Le Mépris*. Cette scène entre Brigitte Bardot et Michel Piccoli voit Camille égrener de haut en bas diverses parties de son corps les soumettant à l’approbation de Paul. Face à l’insistance des producteurs du film à insérer des scènes de nudité, elle fut rajoutée au montage et est une évocation directe des Blasons anatomiques du corps féminin, corpus illustré de poèmes publiés sous l’influence de Clément Marot en 1535, puis mis en musique par Clément Janequin l’année suivante. Le blason est un type de poème dont l’originalité repose sur l’attachement successif du poète à un détail anatomique du corps, effet de liste et d’inventaire fréquemment utilisé par Godard.
Ce plan séquence d’une durée de trois minutes commence sur les deux amants alités. Durant les deux premiers tiers de la scène, l’image est baignée dans une lumière rouge. Puis la caméra descend progressivement vers les fesses et les jambes de Bardot et l’image se teinte de jaune, avant de devenir bleue et de s’achever sur un plan serré du visage de Bardot. Annonciatrice de la confusion des langues au cœur du film, la scène est également marquante par sa musique, un adagio romantique, mélancolique et tragique composé par Georges Delerue. Participant par moment à l’effacement du dialogue, rendant difficile à saisir ce qui se dit et se joue, elle vient comme les filtres de couleur qui interviennent pour masquer en partie les corps, nous remettre dans une position où nous n’avons pas accès à l’intimité des personnages dont il est question. Ces deux éléments sont ici contributifs d’un effet de déréalisation comme ressort même de l’art.
L’installation consiste à recouvrir entièrement les vitres de l’ancienne salle de dissection à l’aide de gélatine de couleur rouge, bleue et jaune. Couleurs primaires venant ici « rappeler ce qui semble s’être perdu aux yeux de Godard : peinture et cinéma, malgré la singularité de leur dispositif respectif, malgré l’écart ontologique qui sépare leurs images, n’en sont pas moins soumis à un même principe esthétique** », celui qui place l’art sous la détermination de la lumière.
À cette intervention vient s’ajouter une installation sonore. Le thème de Camille est une partition composée pour orchestre symphonique d’instruments à cordes soutenus par quelques bois, un cor et une harpe. L’orchestre symphonique est conçu comme une entité indissociable, il fait corps. L’idée était de déconstruire cette matière musicale en vingt-quatre fréquences et par la suite de recomposer un morceau à partir de ce nouvel orchestre, chacune des vingt-quatre pistes étant assignées à un haut-parleur.
La salle de dissection de l’Ancienne Faculté de Médecine se voit appréhendée comme le théâtre de la décomposition d’une œuvre musicale et cinématographique mythique, ici considérée comme corps organique.
L’installation ne comportant pas à proprement parler d’image, il a paru important d’apporter un soin tout particulier au support de communication. Aussi, dans le respect des mentions relatives à un tel projet, il s’est agi de penser l’affiche comme une pièce autonome de l’exposition. Venant en quelque sorte prolonger l’installation hors les murs et dans l’espace public par une intervention graphique ayant valeur d’œuvre, celle-ci trouve sa forme dans la dernière page du roman d’Alberto Moravia, Le Mépris, édité en poche aux éditions GF Flammarion. Le titre du livre en haut à droite a été remplacé par celui de la pièce et la charte graphique de l’éditeur a été respectée en ce qui concerne les informations de communication complémentaires. La partie droite de l’affiche laisse apparaître ce qui est habituellement caché, à savoir les traits de coupe et le cartouche d’étalonnage colorimétrique, ici légèrement modifié afin d’évoquer les trois couleurs qui couvriront les fenêtres de l’espace d’exposition. Ces affiches, destinées majoritairement aux arrêts de tramway et autobus de la ville, par la nature du texte qui fait référence à l’Odyssée, évoquent tout à la fois le voyage, la Méditerranée et une forme d’onirisme.
Le recto de la feuille de salle – qui sera mise à disposition des visiteurs –, reprend également les éléments du protocole d’impression habituellement absents, accompagnés cette fois d’une capture d’écran du film de Godard représentant un bouquet de lys dits de la Madone. Fleurs associées au symbolisme solaire, elles sont très présentes dans la peinture notamment à la Renaissance comme un des éléments symboliques dans les représentations de l’Annonciation.
Sylvain Fraysse, février 2023
Faculté de Médecine de Montpellier
Ancienne salle de dissection du bâtiment historique
2, rue de l’École de Médecine
Du mercredi au vendredi, de 14h00 à 19h00, et le samedi de 11h00 à 19h00
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Horaires d’ouverture de l’exposition
Du mardi au vendredi de 14h00 à 19h00
Le samedi de 10h00 à 19h00
Les visites se font par groupe de 19 personnes maximum.
Accès libre – Lieu accessible aux personnes à mobilité réduite
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Jours et horaires de médiation
Conçues par les étudiant·es de la Faculté d’Éducation de Montpellier en complicité avec le Service des publics du Frac, les visites accompagnées ont lieu tous les mardis, avec un départ toutes les heures.
Mardi 28 mars, 14 avril, 11 avril : 15h00, 16h00 et 17h00
Mardi 18 avril : 15h00 et 16h00
Les visites pour les scolaires sont organisées durant les horaires d’ouverture de l’installation, et sur rendez-vous.
Vous pouvez réserver auprès de Gaëlle Saint-Cricq : 04 11 93 11 64 – se@frac-om.org
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